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"Pour un futur biologiste, la perspective de l’après-bac est hantée par le spectre des « matières de sélection » : Maths et Physique-chimie, que l’on apprend, au-delà de leur intérêt direct pour le métier ou la compétence visée, parce qu’elles comptent dans des épreuves sélectives ou pour le dossier scolaire. Cela a construit par le passé des cursus post-bac où ces matières de sélection occupaient une partie importante de la formation (classes préparatoires, études de médecine, premier cycle universitaire), qui dépassaient leur strict apport technique. Nul ne peut nier l’importance méthodologique des Maths et de la Physique. Nous parlons ici de leur dosage.
On prétend que les SvT sont faciles à rattraper, contrairement à la méthode Maths-Physique qui, elle, ne se rattrape pas. Pourtant, cela fait longtemps que les SvT ont développé l’enseignement de méthodes qui leur sont propres : observation, expérimentation, analyse et décision en système complexe, vision non réductionniste, quantification du doute…
Car une chose est de calculer la vitesse de chute d’une bille supposée ponctuelle dans un gaz parfait sans frottement, une autre est d’analyser la chute d’une cellule de plancton morte dans un océan à salinité variable et sa contribution à piéger du carbone et à lutter contre l’effet de serre.
Bref, les matières et les savoir-faire se complètent mais ne se substituent et ne se hiérarchisent absolument pas. La génération qui l’a cru (et a fait des SvT une spécialisation tardive) a bâti le monde moderne et ses problèmes. La génération qui remettra les Sciences de la Vie, au cœur des compétences nous sortira des ornières actuelles.
Le ministère de l’Agriculture estime que les filières innovantes dans les secteurs des biocarburant, bio-matériaux, etc. génèreront plus de 100 000 emplois sur 20 ans !
Évitons de reproduire cette erreur de la pratique abusive des matières de sélection au détriment des matières de prédilection. Elle nous a conduit à manquer de discernement et de compétences et provoqué la crise environnementale actuelle, au détriment de notre santé.
Lycéens, qui voulez prendre en main le sort planétaire, sortez-nous de l’erreur ancienne et voyez le monde différemment.
Tirez profit des possibilités élargies de ces Sciences de la vie et de la Terre pour nous imaginer et construire un monde meilleur, de toute urgence.
Alors, aux SvT, lycéens ! "
Source : Marc-André Selosse "Les Sciences du Vivant : les oubliées du Bac" (extraits)
Des économistes ont classés les professions en fonction de leur degré d'utilité sociale : certaines sont utiles, d'autres sont neutres, d'autres sont néfastes, en ce sens qu'elles génèrent plus d'inconvénients qu'elles n'apportent de bénéfices à la société – pas à ceux qui la pratiquent évidemment.
Ils ont chiffré ce degré d'utilité en comparant la valeur sociale produite et la valeur sociale détruite par quelques professions. Quelques exemples : un banquier d'affaire ("High-earning investment bankers in the City of London"), dont le salaire annuel peut aller de 500,000 £ à 1000000 £ (livres sterling), détruit l'équivalent de 7 £ de valeur sociale pour chaque livre sterling qu'il génère ("destroy £7 of social value for every pound in value they generate"). Un employé travaillant dans le recyclage des ordures, de son côté, génère 12 £ de valeur sociale pour chaque livre sterling que coûte son salaire.
Le graphique ci-dessous représente ces chiffres :
Pourquoi les auteurs considèrent-ils qu'un conseiller fiscal puisse être "nuisible" ("harmful") pour la société ? C'est peut-être la profession d'un de vos proches ou celle que vous souhaitez exercer… Evidemment, il s'agit de considérer la valeur sociale globale de la profession, pas la probité de tel ou tel conseiller fiscal*… Voici leur argumentation, que j'ai adaptée :
"Déterminer le montant d'impôt à payer est une compétence spécialisée et nécessite souvent un soutien professionnel. Cependant, le but de certains comptables fiscaux parmi les mieux payés est d'aider les particuliers aisés et les entreprises florissantes à payer moins d'impôts. Nous avons constaté que les avantages positifs pour la société de ces activités sont négligeables. Au contraire, chaque somme qui échappe à l'impôt est une ressource de moins pour la société."
Les auteurs font également le rapprochement entre le degré d'utilité sociale d'une profession et le montant du salaire correspondant… je vous laisse deviner leurs résultats.
Vous trouverez dans l'article les explications pour les autres professions ainsi que la version originale du texte que j'ai adaptée.
Source : "A bit rich - Calculating the real value to society of different professions" New Economics Foundation (neweconomics.org)
* "It is not our intention therefore, to target the individuals that do these jobs but rather to examine the professions themselves."