Si le nerf laryngé passe bien tout près de l'organe qu'il innerve (le larynx), il fait par contre un long détour avant d'y arriver puisqu'il passe d'abord sous la crosse aortique, la grosse artère reliée au coeur.
Ce détour, dans les diverses espèces de vertébrés, est donc proportionnel à la distance entre la tête et le cœur de l'animal, autrement dit à la longueur du cou. C'est pourquoi ce nerf peut atteindre plusieurs mètres de longueur chez les girafes et plus encore chez les dinosaures fossiles comme le brontosaure par exemple.
Ce nerf est probablement apparu chez des animaux (aujourd'hui disparus, et dont nous sommes, en tant que vertébrés, les descendants), au cou sufisamment court pour qu'un passage autour de la crosse aortique ne rallonge pas trop le trajet. Les contraintes de développement n'ont pas permis qu'une "amélioration" soit trouvée et cette particularité s'est transmise au cours des générations et des espèces successives, devenant cette bizarrerie anatomique chez plusieurs espèces.
Le nerf laryngé est en effet apparu chez les ancêtres des tétrapodes (les animaux à quatre pattes, donc tous les vertébrés sauf les "poissons"). Il innervait alors les branchies et le détour par la crosse aortique ne rallongeait presque pas son trajet puisque leur cou était pratiquement inexistant. Ce n'est qu'avec l'allongement du cou, il y a environ 375 Ma, que cette "innovation" évolutive s'est progressivement avérée peu optimale…
Ce type de vestige est donc lié à une "contrainte historique", c'est-à-dire l'héritage d'un ancêtre chez qui elle est apparue. L'évolution "fait du neuf avec du vieux", autrement dit elle bricole !