Chez la plupart des gens, les dents de sagesse n’ont pas assez de place pour pousser !
Source (radiographie panoramique de la mâchoire) : Pour la Science n°512 (juin 2020)
"On assure qu’à leur naissance les mains des enfants des ouvriers sont, en Angleterre, plus grandes que celles des enfants des classes aisées. C’est peut-être à la corrélation qui existe, au moins dans quelques cas, entre le développement des extrémités et celui des mâchoires qu'on doit attribuer les petites dimensions de ces dernières dans les classes aisées, qui ne soumettent leurs mains et leurs pieds qu’à un faible travail. Il est certain que les mâchoires sont généralement plus petites chez les hommes à position aisée et chez les peuples civilisés que chez les ouvriers et chez les sauvages. Mais, chez ces derniers, ainsi que le fait remarquer M. Herbert Spencer, l’usage plus considérable des mâchoires, nécessité par la mastication d’aliments grossiers et à l’état cru, doit influer directement sur le développement des muscles masticateurs, et sur celui des os auxquels ceux-ci s’attachent."
Source : Charles Darwin in "La Descendance de l’Homme et la Sélection sexuelle" (The Descent of Man, 1871)
Les vertébrés non humains ont rarement des dents de travers ou des caries. Nos ancêtres fossiles n’avaient pas de dents de sagesse abîmées, et il semble que leurs gencives étaient la plupart du temps saines.
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Les crânes d'aborigènes primitifs et contemporains présentent une usure dentaire considérable et des arcades dentaires bien larges, sans malocclusion. Les aliments "primitifs" (coriaces et fibreux), nécessitant une mastication puissante et efficace, semble garantir un bon développement maxillo-mandibulaire avec des arcades dentaires particulièrement larges et prévenant l'apparition de malocclusions. |
On a comparé 2 groupes de rats soumis à deux types d'alimentation différents pendant leur phase de croissance (alimentation molle ou alimentation standard de laboratoire sous forme de granulés).
Ces modifications s'observent aussi chez les rats adultes.
Sardi et al ont mené une étude dans une région d'Argentine où coexistent une population de chasseurs-cueilleurs et de fermiers ayant développé l'agriculture. Des preuves archéologiques et biologiques mettent en évidence que cette transition est associée à une consommation de nourriture plus molle et plus énergétique et un mode de vie plus sédentaire (qui diminue la production d'hormone de croissance).
Les observations montrent que les fermiers présentent une dimension crânio-faciale plus petite que celle des chasseurs-cueilleurs.
Le biberon perturbe la déglutition et risque à plus long terme d'être à l'origine de malocclusions. Durant cette période, le palais étant très malléable, tout objet venant s'y appuyer régulièrement va avoir une incidence sur son développement : la tétine (plus dure et moins volumineuse que le sein) va induire une évolution horizontale vers une forme en V avec un palais étroit et profond, déformations empêchant la mise en place d'une dentition correcte et qui risque de provoquer des malocclusions et également des troubles ventilatoires. Les enfants présentant une usure dentaire insuffisante, signe d'une mastication inefficace, montrent, pour la plupart, un développement transversal des arcades insuffisant et des encombrements. |
Source : Marion Royannez "Mastication et orthopédie dento-faciale" (thèse, 2018)
Pistes d'exploitation
Une "régression" est la disparition progressive d'un organe, due à l'avantage sélectif que cette régression apporte ou à des phénomènes épigénétiques encore très discutés.
La carie dentaire est la maladie chronique la plus courante dans le monde ; elle touche près de huit Français sur dix.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carie_dentaire |
Une bouche saine est peuplée de milliards de microbes comprenant jusqu’à 700 espèces différentes de bactéries, la plupart bénéfique. Elles nous évitent des maladies et aident à la digestion. D’autres, nuisibles, produisent de l’acide lactique qui attaque l’émail. Mais leur nombre est régulé par les"bonnes" bactéries qui produisent des bases – qui réduisent l’acidité – et des protéines antimicrobiennes – qui inhibent la croissance des espèces nuisibles. Les caries apparaissent quand cet équilibre entre les deux types de bactéries est rompu, car c'est l'acide qui attaque l'émail et produit la carie. Les régimes riches en glucides favorisent les bactéries productrices d’acide. Ces bactéries cariogènes se multiplient alors et finissent par supplanter les bactéries bénéfiques. Le saccharose est particulièrement problématique, car les bactéries nocives l’utilisent pour former la plaque dentaire, un film épais qui les colle aux dents, et pour stocker de l’énergie entre les repas, ce qui prolonge les attaques acides. L'incidence des caries a grimpé en flèche depuis que nous nous sommes mis à consommer des aliments sucrés et des aliments transformés, plus mous que les aliments naturels (la mastication contribue à éliminer la plaque dentaire). |
Les bains de bouche antiseptiques tuent les bactéries qui causent les caries, mais aussi les souches bénéfiques qui gardent les bactéries nocives sous contrôle. Inspirés par les récentes innovations dans le domaine des thérapies microbiennes, les chercheurs commencent à se concentrer sur les probiotiques oraux, des antimicrobiens ciblés et des transplantations de microbiote.
Source : Pour la Science n°512 (juin 2020)
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